Immobilier Nouvelle-Aquitaine : Des envies suspendues à un avenir incertain
Chaque année, Procivis livre son baromètre sur le logement pour mieux cerner les grandes dynamiques et les intentions des Français. En Nouvelle Aquitaine, les habitants sont inquiets de l’avenir : ce qui se ressent sur leurs envies de projets immobiliers.

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Après l’analyse de l’étude nationale réalisée par Procivis et Harris Interactive auprès de 11 000 Français, Yannick Borde, président du réseau Procivis et Philippe Petiot, directeur général Procivis Nouvelle-Aquitaine, détaillent et commentent les résultats pour la région Nouvelle-Aquitaine.
« 61% des habitants de Nouvelle-Aquitaine non-propriétaires ont pour objectif d’acquérir leur résidence principale, soit 1 point de plus qu’au niveau national mais 6 points de moins par rapport aux Franciliens », explique Yannick Borde, président du réseau Procivis.
Satisfaits de leurs logements mais avec des envies de bouger contrariées
Avec une note de satisfaction de leur logement de 8,1 sur 10, les néo-Aquitains semblent mieux lotis que la moyenne des Français (7,8). Poutant, près d’un tiers (32%) des habitants de la Nouvelle-Aquitaine souhaitent déménager dans les mois à venir, c’est un peu moins que la moyenne nationale (35%). Cette envie est particulière ment marquée chez les 25-24 ans qui sont 72% à vouloir déménager et chez les locataires (70%).
Néanmoins, les habitants de cette région partagent les inquiétudes générales des Français envers l’avenir : le niveau de vie moyen devrait se dégrader pour 63% (62% au niveau national), 52% des néo-Aquitains pensent que le moment est mauvais pour vendre un bien immobilier (47% à l’échelle nationale). Pour 48% d’entre eux, le moment serait aussi défavorable pour acheter un bien (47% pour la France). Selon 36% des habitants, les prix de l’immobilier devraient augmenter en Nouvelle-Aquitaine dans les prochains mois (38% au plan national) alors que 30% pensent que les prix devraient diminuer (28%).
L’envie et les moyens de devenir propriétaire
Comme la moyenne des Français (60%), 61% des néo-Aquitains non-propriétaires ont pour objectif d’acquérir leur résidence principale. Le taux de consultation des annonces (53%), la simulation de crédit (33%), la prise de contact avec des personnes ou agences vendant un bien immobilier (30%) la visite d’un bien immobilier (29%) ou la prise de renseigne ments pour un crédit auprès d’une banque ou d’un courtier (29%).
Ces indicateurs situent l’envie d’immobilier des habitants de Nouvelle-Aquitaine au même niveau que la moyenne nationale. Fourmis plus que cigales, 66% des néo-Aquitains souhaitent mettre leur épargne de côté (dont 19% en l’investissant dans un projet immobilier).
Les dispositifs publics d’accession à la propriété sont très appréciés en Nouvelle- Aquitaine : PTZ 93% de jugement favorable ; MaPrimeRenov’ 93% ; éco-PTZ 90% et Loi Pinel 85%. Mais les habitants de la région sont rares à penser être éligibles à ces aides (26% pour MaPrimeRenov’ ; 18% pour la Loi Pinel et le PTZ et seulement 17% pour l’éco-PTZ).
« Il y a une prise de conscience croissante du rôle central du logement dans les problématiques de mobilité, d’emploi et même d’éducation. Nous sommes dans un moment inédit où, pour la première fois, le logement influence directement l’économie. Cet impact a longtemps été sous-évalué. Pour la première fois depuis 2017, nous avons une ministre du Logement véritablement compétente sur ces questions. Elle s’est saisie du problème en rétablissant le prêt à taux zéro (PTZ) pour les maisons indivi duelles et toutes les zones géographiques, tout en permettant son cumul avec MaPrimeRénov’ », observe Philippe Petiot, directeur général de Procivis Nouvelle-Aquitaine.
Le poids du budget logement
Le budget mensuel consacré au logement par les néo-Aquitains est en moyenne de 613€ et donc légèrement supérieur à l’Occitanie (605€) et au Centre-Val de Loire (559€) mais inférieur aux autres régions limitrophes : Pays de la Loire 637€ et Auvergne-Rhône-Alpes 640€. Ce budget reste très éloigné de celui d’Île-de-France (847€). Comme la moyenne des Français (79%) les néo-Aquitains trouvent ce budget important. Cette perception est stable depuis 2022 après une forte progression (67% en 2020 et 76% en 2021).
Malgré l’importance de leur budget logement, 75% des néo-Aquitains seraient prêts à accepter une hausse de prix pour acheter une maison ou un appartement construit de manière à consommer moins d’énergie. Néanmoins, le prix (60%) et la localisation (38%) restent les deux premiers critères de choix pour l’achat d’un bien immobilier.
Construire ? Oui mais ailleurs
En Nouvelle-Aquitaine comme en moyenne en France, les habitants sont 42% à penser qu’il faut construire plus en général, mais seulement 29% souhaitent plus de construction dans leur commune. 26% (25% en France) veulent même arrêter de construire des logements car il y a déjà trop de bâtiments.
Seulement 17% des néo-Aquitains souhaitent plus de constructions pour pouvoir accueillir plus de personnes (27% en moyenne nationale). 19% pensent que de nouvelles constructions pourraient faire baisser le prix des logements (32 en France). Si la construction a pour objectif de loger plus de gens, les néo-Aquitains pensent qu’il faudrait construire en priorité dans les villes moyennes (82%) puis dans les petites villes (80%) et dans les communes rurales (70%) et enfin dans les grandes villes et les métropoles (69%). Seulement 32% des néo-Aquitains pensent que la construction de nouveaux logements pourrait faire baisser les prix. Ils sont en revanche majoritaires (53%) à dire qu’il vaudrait mieux encadrer les loyers pour éviter de fortes augmentations.
« L’injonction à construire en milieu urbain, notamment dans le cadre de la loi ZAN, ne répond pas à ces attentes, observe Philippe Petiot. Les élus doivent s’engager davantage et comprendre l’urgence de construire. Nous avons engendré une crise du logement sans précédent. En 2024, les chiffres de production atteignent des niveaux comparables à ceux des années 1950. Si le secteur a déjà connu des crises, celle-ci est d’une ampleur inédite. Le manque de logements entrave le développement économique des entreprises. Avec la situation actuelle, nous nous dirigeons vers une pénurie du logement collectif d’ici trois ans », ajoute-t-il.
Une mobilisation nécessaire pour les jeunes
« Je suis frappé par le manque de mobilisation autour du logement étudiant. Beaucoup de jeunes ont le sentiment d’être exclus du système, et cela vaut aussi pour les jeunes actifs en quête d’accession à la propriété », conclut-il.